Me saoûler de vie...
Il y a quelques mois j'apprenais une terrible nouvelle. Et c'est fou comment nous pouvons réagir face à l'inconnu. Face à ses peurs, ses angoisses, ses incertitudes. Face à tant de violence, celle de la nouvelle en elle-même et la sienne.
Pour ma part, il y a eu plusieurs étapes.
La claque. De celle dont on a l'impression que nous aurons bien du mal à se relever.
La colère. Envie de hurler, de tapper, de se venger.
L'injustice. Sentiment profond, insidieux, vicieux.
L'acceptation. Terrible. Apaisante et à la fois suffocante.
La panique. Tout peut donc s'arrêter du jour au lendemain. Et si, et si, et si...
L'espoir. L'espoir du miracle, de l'histoire qui fait l'exception, et si...
L'acceptation. De nouveau. La compréhension. La vie qui reprend son cours.
Quoiqu'il en soit, quelques temps après la nouvelle, j'ai eu ce besoin, cette envie insatiable de vivre, de profiter, de fumer, de boire, de parler, de voir du monde... Je me noyais dans la vie, dans le bruit des autres. Comme une cure, non de jouvance, mais de Vie. On prend une bouteille de rosé pour le barbecue ? Non deux ! Un Malboro Light Mlle ? Non deux ! On enchaîne les soirées, les déjeuners, les apéros... Les rires fusent, les bons moments se multiplient, le bonheur comme une couche de vernis. Se rassasier de toutes ces choses de la vie.
A côté de cela, à la maison, dans l'intimité, les rires s'espacent, les discussions aussi... Les pétages de plomb, les implosions, les réactions surdimensionnées s'enchaînent...
Il y a un couac.
Retrouver son équilibre. Se retrouver, ou se trouver tout simplement. Comprendre qu'on a le droit de chavirer, de déraper, de vasciller. Ce tourni qui nous a pris un beau matin de décembre, et que l'on continue de nourrir pour qu'il ne nous quitte pas.
Et puis, ce jour, où on se dit que ce qui compte c'est aujourd'hui, pas demain, encore moins hier. Que oui c'est dur, triste, rageant, horripilant. Mais que oui, on a le droit de continuer de vivre, de rire, d'avoir mal, faim, d'être heureux ou malheureux.
Ce jour aussi, où on se dit que cette saloperie à rapprocher des êtres qui pensaient pourtant si bien se connaître.
Ce crabe qui permet à beaucoup d'entre nous de naître enfin, et de n'être plus que soi, et rien que soi, pour le pire et pour le meilleur.