Un petit bout de moi...

Je ne suis plus qu'un petit bout de moi.

Connais-je seulement encore ce "moi" là ? Je ne sais plus, je ne crois pas.

Je suis ce "je" que j'ai été pendant tant d'années.

Je suis aujourd'hui cette "autre". Cette femme, temporairement, sans mari. Cette mère, temporairement, sans enfant.

13 dodos. Il y en a déjà eu deux, il en reste encore onze.

Onze nuits, onze jours.

Il y a le décompte avant le grand jour. Celui pendant lequel on ne cesse de se répéter qu'il faut profiter.

Il y a la veille du départ. Cette veille où les choses à faire, acheter, préparer s'accumulent sur des listes griffonnées sur des bouts de papier. Cette veille où les secondes, les minutes, les heures semblent s'être liguées pour filer aussi vite que l'air.

Il y a ce dernier coucher, cette dernière histoire, cette dernière nuit entrelacés dans les bras les uns et des autres, tous les trois.

Il y a ce nez qui se plonge dans des odeurs, comme pour mieux s'en imprégner.

Ces doigts posés sur cette peau, comme pour n'en garder qu'un tout petit bout...

Puis il y a le réveil, la course, le H-4, 3, 2, 1...

Le trajet jusqu'à l'aéroport. Leurs coeurs battent la chamade, le mien est un peu serré.

L'enregistrement, le dernier café avant les douanes, puis les "aux revoirs".

Cette petite fille qui, du haut de ses trois ans, affiche un large sourire, conssent un petit geste de la main, avant de se retourner, et de s'envoler.

Treize petits jours, en vacances en Nouvelle-Zélande, avec son père, sa tante, son oncle et son grand-père paternel. Son premier voyage loin de moi. Ses premières vacances "familiales", sans moi.

Treize jours de découvertes de la neige, de l'hiver, du froid... Tellement heureuse de voir ma grande-petite fille voguer ainsi et me filer entre les doigts.

Heureuse de constater qu'en à peine trois ans, nous avons fait de ce petit bout de nous, une petite fille sûre d'elle, épanouie et heureuse, qui n'hésite pas à foncer pour découvrir la vie, sa vie.

Onze petits jours... Il ne reste que onze toutes petites nuits...

Je suis une femme heureuse de constater, contre toutes attentes, que j'ai très vite retrouver ce "je", le mien, celui qui n'e m'appartenait qu'à moi. Celui que je trouvais presque "étranger" il y a encore 48 heures...

Il y a bien eu un timide "maman, je suis contente de partir en vacances avec papa, mais j'ai un peu peur de partir sans toi" qui m'a serré les tripes, mais à la vue de ce sourire au moment de passer les douanes, de ces éclats de rire lorsque je les ai au téléphone, de ces yeux qui témoignent de son bonheur, je suis heureuse.

Heureuse d'avoir un mari aussi présent et aimant pour sa fille. D'avoir une petite fille globe trotteuse en devenir. D'être une maman, mais aussi et surtout une femme épanouie, ravie de pouvoir ne se consacrer qu'à elle pendant les onze prochaines journées à venir !